Chroniques cannoises

Publié le par Vero

Enfin les beaux jours arrivent et avec eux nombre de réjouissances : le muguet, mon anniversaire et… le Festival de Cannes. Pour un premier festival, l’appréhension est grande et les questions se succèdent : quel est le programme de la semaine ? Quels films dans quelles salles et combien de fois ? Mon accréditation me permet-elle de monter les marches ? Tant de questions qui n’ont plus aucun secret pour moi aujourd’hui.

 

 

 

 

 

Arrivée à Cannes le mardi 10 mai, veille de l’ouverture, je fais un rapide repérage des lieux et une vraie redécouverte de ce Cannes customisé à la sauce ciné, et réussit à voir mon premier film à la Semaine de la Critique : Me & you & everyone we know, qui sera d’ailleurs largement récompensé à ma plus grande joie.

 

 

 

 

 

Le lendemain, jour d’ouverture, les cinéphiles ont droit à leur distribution de badges et programmes. Avant les réjouissances de la soirée (= montée des marches), la Semaine de la Critique m’enchantera encore avec un film français, La petite Jérusalem, film sur le combat d’une jeune femme entre la loi (de sa religion, juive) et le désir. Enfin, une instance préparation est nécessaire pour avoir le privilège de gravir les marches ô combien mythiques du Palais des festivals. Le film d’introduction, Lemming, qui est loin du documentaire animalier sur les rongeurs des steppes nordiques, nous plonge dans une atmosphère pesante. Premier visionnage, premier émoi, début de marathon. Marathon des films (21 en compétition officielle + Un certain regard + Quinzaine des réalisateurs + semaine de la critique), marathon des places, marathon du stress !

 

 

 

 

 

J1 : Premier jour officiel de compétition et 3 projections : Bashing, film japonais qui relate le retour d’une jeune bénévole qui s’est faite kidnapper durant la guerre en Irak et qui, pour être libérée, va obliger son pays à retirer ses troupes du sol irakien. Déshonneur et incompréhension rythment ce film, dont l’action ne m’a pas tenu éveillée très longtemps.

 

 

Ah ! Woody ! Le retour de Woody Allen sur la croisette avec Match point (j’espérais bien voir que ma déception de Melinda, Melinda serait effacée par ce nouveau film, et la mission fut accomplie). Avec un coup de chance pas possible, j’arrive à obtenir des places pour la corbeille, premier rang, juste au-dessus de l’équipe du film, un pur bonheur. On y retrouve une Scarlett Johansson magnifique, un sex-symbol, une jeune femme qui ne peut que susciter l’envie et le désir ; le décor londonien de l’action nous change un peu des paysages new-yorkais si chers au réalisateur ; tout est là pour nous ravir.

 

 

La soirée se termine par Kilometre 0, un film politique sur l’enrôlement des Kurdes dans les forces armées irakiennes, eux qui n’ont jamais souhaité défendre un pays qui les a tant fait souffrir par le passé. Film très réussi, quoiqu’un peu trop long, qui narre l’histoire d’un homme obligé de ramener le corps d’un soldat dans son village.

 

 

 

 

 

J 2 : le tant attendu Last Days de Gus Van Sant. Après avoir gagné la Palme d’or avec Elephant, chacun se bouscule pour ce nouvel opus. La salle, tout d’abord comble, se vide progressivement : question d’ennui dû à de nombreux plans fixes et lenteurs ? Ou est-ce le sujet qui déroute ? En pure fan de Nirvana, je ne retrouve pas Kurt dans ce film, mais c’est presque préférable. L’errance du personnage et la mise en scène sont en symbiose, les scènes musicales sont très puissantes et nous transportent dans l’univers du musicien.

 

 

Le soir, pour la montée de marches, Atom Egoyan nous présente un duo assez surprenant composé de Colin Firth et le beau gosse de Footloose, Kevin Bacon. Ce dernier m’a d’ailleurs très agréablement surprise : non seulement sa performance était assez réussie, mais en plus il est encore pas mal pour son âge ! Bref, Where the truth lies est une histoire d’amitié entre deux hommes dont le destin va basculer un soir, lors de la mort d’une jeune étudiante dans leur chambre d’hôtel. Divertissement agréable, mais qui ne bouleversera pas l’histoire du cinéma.

 

 

J3 : une pression énorme pèse sur Cannes. En avant-première mondiale, un public de privilégiés pourra voir Star Wars episode III ! Nul besoin de dire que les places coûtent cher, quelques journalistes en font profiter quelques personnes mais ils ne sont pas nombreux. 8 h 30, la séance va commencer et je me trouve toujours sans place. Là, un homme arrive avec deux places qui nécessitent d’avoir un badge pour rentrer, mais n’en possède pas. Il crie, insulte le personnel du palais puis déchire les places sous nos yeux ébahis et rageurs, tel Gainsbourg avec son billet de 500 F (Le franc est une monnaie disparue, remplacée par l’Euro en 2001), les places de Star Wars envolées ! Un Américain habitué du festival alors suit l’homme énervé qui allait jeter ses places à un moment, et les récupère. C’est alors que je peux profiter de l’une de ses places et finalement assister à la mythique première séance interplanétaire de Star Wars. Nul besoin de dire que je me suis délectée de cette explosion d’images.

 

 

Commençant magistralement cette journée, portée par des nuages, mon bonheur s’est étalé, comme un soufflé devant le dernier opus de Johnnie To, Election. Encore une histoire de règlement de compte entre triades, où l’on arrive à ne s’attacher à aucun personnage. Une spectatrice me confiera d’ailleurs ne rien avoir compris à l’histoire à cause du problème d’identification des personnages !

 

 

Ensuite, place à un grand favori de la compétition, Michael Haneke, avec Caché interprété par Daniel Auteuil et Juliette Binoche. Un lourd passé enfoui refait surface et bouleverse les protagonistes de cette histoire. De trop nombreux plans fixes ne servent pas toujours l’histoire, et ennuient passablement le spectateur, bien que l’idée soit bonne.

 

 

A la quinzaine des réalisateurs, un film très intéressant va être projeté : Factotum avec l’excellent et toujours aussi sexy, Matt Dillon. C’est l’histoire d’un mec un peu paumé et pas très motivé par son travail, mais beaucoup plus par la boisson. Film dont il faudra retenir tout de même une leçon d’auto-école très intéressante : la seule cause de perte de contrôle de son véhicule qui soit involontaire est l’éternuement !

 

 

Ayant raté la majestueuse montée des marches de l’équipe de George Lukas avec orchestre et garde impériale, il reste une dernière séance à minuit, qui ne commencera pas avant 1 h du matin pour Kiss kiss bang bang, film de Shane Blake. Un vrai plaisir : une comédie noire à la façon de L’arme fatale, avec un Robert Downey Jr qui nous fait oublier qu’il a joué dans Ally McBeal ! Excellente fin de soirée pour une journée mémorable.

 

 

 

 

 

J4 : Un repos bien mérité et seulement une première séance à 11 h pour voir ce qu’a bien pu faire Marco Tullio Giordana, après Nos meilleurs années. Quelle déception de constater que rien dans ce film ne nous tirera une larme, ni même ne nous donnera envie de nous attacher à ces personnages. Fond politique : exil de population vers l’Italie, une relation père-fils finalement peu attachante.

 

 

Puis un film mexicain diffusé une seule fois, et on en remercie l’équipe de la programmation (!), Batalla en el cielo. Histoire d’un homme qui kidnappe un enfant pour demander une rançon, mais l’opération tourne mal et l’enfant meurt. Impuissant (face à la situation mais non physiquement), son entourage le décidera à se livrer. Les scènes d’amour (si on appelle ça de l’amour) entre le personnage principal et sa femme, puis avec la fille de son patron, une prostituée, sont plus que déroutantes. On ne comprend pas comment elles servent l’histoire et aucune esthétique ne se dégage non plus de celles-ci. On sort avec un profond dégoût de cet homme qui, physiquement, est loin d’être attirant et aux mœurs un peu trop légères.

 

 

 

Publié dans Cinéma

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